GR 5 Briançon-Menton par Mercantour
Mardi 11 septembre, la météo annonce beau temps généralisé après un été un peu pourri.
J’ai préparé le matos, les cartes, des provisions pour 5 jours, charge totale 23kgs. J’embarque pour Briançon ce mardi matin.
Il est 8h et j’attends le TER à la gare de Meyrargues (prés d’AIX en Provence).
La rame est flambante neuve, confortable avec de grandes vitres panoramiques sans barre au milieu qui gène le regard. On peut admirer le paysage très confortablement. Habituellement je prends la voiture. C’est bien mieux par le train. De plus il n’y a pratiquement personne. Le contrôleur à l’air content de voir quelqu’un. Petit bémol, il faut faire GAP BRIANCON en bus, la voie est en travaux.
Arrivé à Briançon à 12h je recherche le GR 5, je trouve très rapidement les précieux repères blanc et rouges à proximité de la gare. Au bout d’un moment je me rends compte que je suis le Compostelle. Demi tour, je galère un peu et trouve enfin le bon chemin. C’est souvent comme ça dans les traversées de villes.
Comme j’ai un peu perdu de temps, j’allonge le pas entre Villar st Pancrace et chalet des Ayes le GR est en fait une route en terre parfois bitumée. C’est bien roulant. Environ 5 km pour un dénivelé de 450m en 1 heure. Avec 24kg car j’ai pris 1 litre d’eau, c’est pas mal. Le col est très facile j’arrive sans difficulté au col des AYES (2477 m) et redescend vers Brunissard.
Je trouve un bon bivouac prés d’un torrent au pied de la Casse Déserte. Il a fait grand beau, mais le soleil se couche, il commence à faire frais. Petite toilette dans le torrent et repas dans la tente. Fait pas chaud.
Dénivelé de la journée : 1277m, bon échauffement pour un après-midi de marche.
Mercredi 12, descente vers Arvieux, en traversant Brunissard, très facile. Trop facile, car emporté par l’élan, je rate le GR. Je m’en rend compte trop tard, tant pis, je continue par la route pour rejoindre Château Queyras. C’est la même distance, et il n’y a pas de voiture. Par contre beaucoup de cyclistes.
Je contourne Château Queyras et j’attaque le GR en direction du col Fromage. Ça commence par un raidillon, garni de cailloux de la taille d’un œuf qui roulent sous la semelle. Un vrai bonheur, sur un dénivelé d’au moins 100 mètres. De plus un troupeau de vaches est passé la veille et laissé une constellation du résultat de leur rumination. Bref, un nuage de mouches vertes m’accompagne joyeusement.
La DDE est passée par là. Une modification des chemins d’exploitation forestiére modifie le tracé du GR, mais les repères n’ont pas été refaits. Evidemment, je rate un aiguillage et me retrouve au pied du sommet Buchet. Heureusement je trouve un chemin qui me ramène vers le col Fromage.
En chemin je double un couple de jeunes randonneurs lourdement chargés, lui 22kg, elle 15kg. C’est leur avant dernier jour, chapeau !
Le col est passé très facilement (2300m), puis descente rapide sur Ceillac. Il est 16h, j’y prends un thé et de délicieux croquets aux amandes. Je flemmarde une bonne demi heure et décide qu’il est trop tôt pour arrêter la journée. Direction le col Girardin.
Deux itinéraires sont proposés, l’un par la cime du Melezet, l’autre n’a pas d’indication particulière. Je prends le second. C’est un très beau tracé, très aérien, facile, avec des passages assez vertigineux. Je vous le recommande.
Finalement je bivouaque un peu avant le lac.
J’ai trouvé un site très bien, près du torrent dans lequel je fais ma toilette. Initiative suicidaire, l’eau est glaciale, est le soleil a disparu derrière la montagne. Il fait froid, et j’ai le plus grand mal à me réchauffer.
Cette nuit je dors tout habillé. Dénivelé du jour : 1560m
jeudi 13 nuit très fraîche. De la gelée blanche.
Le lac miroir est splendide, il mérite vraiment son nom.
passage du lac saint Anne puis du col Girardin 2700m.
Pas de difficulté à signaler.
La descente s’annonce bien. Dans le dernier tiers, il y à une bifurcation qui passe par Maljasset. Je la prends, là surprise ! Descente très raide sur cailloux roulants. Pénible.
De Maljasset à Fouillouse 12 km de bitume.
Heureusement pratiquement pas de voiture.
Je bivouaque sur le plateau du Valonnet relativement tôt : 18h
Je cohabite avec des dizaines de marmottes.
Dénivelé du jour : 1175m
Vendredi 14
passage du col du Valonnet à 2524m,
suivi d’un plateau qui conduit au col de Mallemort 2558m.
Au col je trouve les ruines d’un fort qui fait immédiatement penser au roman de Dino Buzzati « le désert des tartares ». Des centaines de soldats ont dû passer des mois sans fin dans cet endroit, à attendre quelque chose qui n’est jamais arrivé.
Descente facile vers Larche. Direction du parc du Mercantour.
Les Marmottes se laissent approcher à quelques mètres.
Pause thé et biscuits sur le lac du Lauzannier (2284m).
J’ai bien fait de faire une pause car les 300m derniers mètres de dénivelés du pas de la cavale (2671m) sont plutôt difficiles. Pente très raide, pierres roulantes, terre qui dérape. J’adopte la technique du col Valente : je mets la tente dans le petit sac à dos, un peu de provision et l’eau pour alléger la brouette. J’ai 5kg sur le dos ça me suffit. Le passage du col est plus facile. Je tiens la brouette très basse, derrière moi, en appui contre mes cuisses. Dés que ça dérape je fléchi les genoux de façon à poser les poignées au sol. Eventuellement je m’assois dessus, la glissade s’arrête.
Je conserve le sac sur le dos pour la descente pas facile non plus.
Finalement je bivouaque sur le plateau du col des fourches (2000m) Encore une journée de beau temps. J’apprécie.
Le plateau est parsemé de trous coniques dû à des dissolutions de certains constituants du sol.
Dénivelé du jour : 1519m
Samedi 15 passage du col des fourches (2261m), descente vers Bousiéyas (1883m) puis direction col de la Colombière (2237m). Un peu avant je rencontre une bergère, Catherine, très curieuse de ma brouette. Elle s’occupe de 1000 moutons. Je trouve ce chiffre énorme. Certains de ses collègues en gardent, seul, 2000. Pas vraiment seul, il y a les chiens. Des chiens pour conduire et regrouper les moutons, et d’autres les Patous, très gros chiens blancs à poils longs pour les protéger des prédateurs. La veille, Catherine a vu passer 3 loups dans le fond de la vallée. Je trouve ça formidable. Pas elle !
je continue et descend sur saint Delmas le Selvage (1476m). Il est midi, il y a un restau. Je prends un steak et une jardinière de légumes. Quel luxe !
Je descends à saint Etienne de Tinée par la route (1160m). Il y a 8 km. Aidé par un dénivelé descendant de 316m je mets moins de 55 mn. Pas mal avec 20kg (je suis en fin de réserve de nourriture et je n’ai pas pris d’eau).
Je refais mes réserves à l’épicerie du village. Je trouve tout ce qu’il me faut pour 5 jours et en profite pour faire une cure de raisin que je mange sur la place du village près de la fontaine.
Petite lessive et bain dans le tinée.
Ensuite direction Auron (1600m) 5 km pour un dénivellé montant de 440m.j’y vais aussi par la route d’un bon pas. En chemin une voiture me double, fait demi tour et s’arrête à ma hauteur. C’est un couple qui me propose de m’emmener à Auron. Je les remercie chaudement mais à leur grande surprise, je refuse leur offre. En effet je fais un test d’endurance. Je couvre le trajet en un peu moins d’une heure, cette fois avec 23kg.
Je dépasse Auron et trouve un bivouac dans le haut des pistes de ski. C’est le premier soir ou je peux dîner dehors. On se rapproche du climat de la provence.
Dénivelé du jour : 1025m
Dimanche 16 cette nuit je n’ai pas eu froid. Direction du col du Blainon (2014m) grimpette assez raide et la descente sur Roya (1500) aussi. Remontée sur le col de Crouzette (2480m)
Montée assez longue, traversée de pâturage à moutons, des milliers de moutons.
J’arrive au col en même temps qu’un gros nuage menaçant.
J’ai eu juste le temps de bâcher la brouette et d’enfiler mon anorak, et la pluie commence à tomber. Arrivé au col c’est de la grêle bien drue. La température descend en flèche. Il est 16h30, il fait presque nuit. Impossible de sortir la polaire sans mouiller tout ce qu’il y a dans le sac. Je me réchauffe en continuant furieusement, le nez sur le chemin. Ce sont de grosses pierres noires veinées de blanc.
C’est très joli, mais je préférerais voir les traces blanche et rouge. J’ai l’impression qu’elles ont été tracées il y a 30 ans. A moitié effacées par le temps. De plus l’eau ravine le terrain et je suis incapable de savoir si je suis sur le GR ou pas. De temps en temps je laisse la brouette pour explorer le terrain à la recherche des précieux repères. Là des kern seraient bien utiles. Un moment je suis allé un peu loin et je ne retrouve plus la brouette pendant une poignée de secondes qui m’ont paru une éternité. Je ne sens plus le froid ni la grêle. En fait après le col Crouzette il y en à un autre un peu plus haut la stelle Valette (2585m) qui doit se voir parfaitement par beau temps. Mais là, je ne le vois que lorsque j’arrive dessus. D’un seul coup la grêle s’arrête. Je saute sur l’occasion pour sortir polaires et gants. Je me rends compte que je suis complètement gelé. J’ai les doigts comme des saucisses. J’ai un mal fou à ouvrir la fermeture éclair du sac.
Je me fais violence pour la photo : un exploit.
Je descends en vitesse de l’autre côté en direction de Longon. Bonne surprise le chemin est très facile de ce côté. En 20 minutes je sors du nuage. Je n’ai plus froid.
J’ai beau aller vite, le nuage me rattrape. Il recommence à pleuvoir. Je plante en vitesse avant que ça se gâte. Heureusement j’ai des provisions. Je me réconforte avec une soupe minestrone bien chaude et de la viande des grisons, pendant que la pluie tambourine sur la tente. C’est bien d’être sec et chaud.
Dénivelé du jour : 1500m
Lundi 17 cette nuit à minuit pile j’ai été réveillé par les loups. Hurlement « à la mort » j’ai d’abord pensé à des chiens. Mais c’est le parc du Mercantour il n’y a pas de chien errants. Surtout à cette altitude si loin d’une habitation. J’ai bien écouté, ils étaient 3. Peut-être les trois que Catherine à vu. Ça m’a fait tout bizarre.
Ce matin grand beau. Fini les misères. En route pour la suite.
Je traverse une zone de pâturages, chemin très facile. Direction Roure. En chemin je rencontre un groupe de collégiens, les 6éme A du collége ste Blaise de saint Sauveur de Tinée. Discussion très sympathique avec les professeurs et les enfants qui me posent des questions très pertinentes sur ma brouette. Ils ont bien de la chance de commencer l’année de cette façon.
Quand ils seront parents ils se rappelleront de leur école. Bravo à l’encadrement. Dommage j’ai oublié de faire une photo.
Le chemin est très bien.
Traversée de Roure (1150m), village endormi.
Je ne vois absolument personne.
Descente sur st Sauveur de Tinée (500m). Il fait vraiment chaud, je rêve d’un bain dans le Tinée. Déception il est tout boueux, la pluie de cette nuit sans doute. Quelques minutes avant j’ai repéré un bassin grand comme une baignoire, à la porte d’un cimetière. J’y retourne, personne en vue. En petite tenue en vitesse et plouf. Le bonheur ne tient pas à grand-chose.
Rafraîchi, je continue sur Rimplas (1000m). Sur le chemin je suis pris à partie par deux gros chiens qui me tournent autour en faisant claquer leurs mâchoires au ras de mes mollets. Je n’en mène pas large. Leur maître arrive en courant. Il fait du footing pour perdre sa bedaine. Il calme péniblement ses bestioles. Je continue un peu choqué. 20 minutes après rebelote. Cette fois ils me sont arrivés dans le dos. Je ne les ais pas entendu. J’ai vraiment eu peur. Leur maître arrive un peu après, cramoisi par l’effort. Il essaie d’hurler des ordres, mais j’ai l’impression qu’il à du coton dans la gorge. Essoufflé qu’il est. Il n’a pas perdu sa bedaine. Il me rassure : ils n’ont jamais mordu personne. Bon je suis rassuré !
Dire que je n’ai pas eu peur des loups !
On continue, descente sur Le Planet (834m), puis remontée sur La Roche (1110m).
Je traverse des vergers abandonnés, j’en profite pour faire une cure de pommes et de poires.
A part ça le chemin n’est pas très agréable. J’arrive à St Dalmas (1300m) et décide de bivouaquer dans le terrain de camping. Je suis l’unique campeur.Une bonne douche m’a fait le plus grand bien. Et le soir restau, la grande vie ! J’en profite pour recharger la batterie de mon portable.
Dénivelé du jour : 966m
Mardi 18 toujours grand beau temps. Direction le col St Martin (1500m) puis descente sur St Martin de Vésubie (990m). Remontée sur Le Boréon (1300m) par le sentier de la Vésubie. En chemin je fais une cure de noix. Un peu avant le Boréon le chemin passe sur la route. Une voiture s’arrête, le conducteur est absolument emballé par la brouette. Il me propose de me transporter sur les 4 km de route pour attaquer le GR. Merci beaucoup, je continue à pied.
Direction le refuge de la Fenestre. Au début le chemin est très facile. D’un seul coup c’est un mélange de pierre et de racines pas simple à escalader. C’est très long.
J’arrive sur le lac de Trécolpas (2150m) ou je décide de m’arrêter, bien qu’il ne soit pas très tard. Mais l’endroit est vraiment très beau. Un peu de repos me fera du bien pour attaquer le col des Ladres. Ce matin j’ai lavé une paire de chaussettes dans le torrent. Je les ai mises à sécher sur une pierre. Elles y sont encore.
Dénivelé du jour : 1360m
mercredi 19 il y a eu du vent toute la nuit.
Il a fait très froid, je me suis réveillé avec l’onglée. Attaque du col des ladres (2448m). C’est un pierrier pas trop difficile.
Descente sur la Madone de Fenestre. C’est un groupe de grosses bâtisses qui forment un ensemble un peu caserne.
Je file vers le col Colomb.
Au détour d’un lacet je tombe sur un groupe de chamois pas du tout inquiet de me voir.
Les animaux sauvages ne le sont plus quand l’homme le devient un peu moins.
J’attaque le pas Colomb. C’est un pierrier très difficile, des blocs gros comme des cuisinières en moyenne. Pas de trace vraiment définie, quelques kern, et débrouille toi ! J’ai perdu la trace de nombreuses fois. Je suis arrivé en haut épuisé (2548m). Le passage le plus dur que j’ai eu depuis que je suis parti. J’ai mis une partie de la charge dans le sac à dos pour alléger la brouette.
La descente n’est pas triste non plus. Ça commence par un mur vertical de 3 mètres entre deux parois.
Je laisse descendre la brouette devant en la tenant par les sangles de traction. C’est un peu acrobatique, mais ça passe. Sur la photo le passage se fait dans la dent du milieu. On se demande comment le GR descend là dedans. Et encore plus comment on peut passer. La descente est assez éprouvante. Enfin j’y arrive sans bobo.
Dans le fond de la vallée, des travaux de réfection du barrage. Des boîtes ALGECO qui servent de chambre aux ouvriers.
Passage devant le refuge de Nice, en travaux lui aussi.
Je traverse une vallée dans laquelle une quinzaine de chamois s’amusent. Je passe à 50 mètres, ils font à peine attention à ma présence.
Je continue jusqu’au lac qui précède le col de la baisse du Basto. La fatigue me suggère de bivouaquer, je suis son conseil. A 50 mètres, des chamois me regardent planter la tente.
La nuit s’annonce très fraîche. Sur la carte, le trajet du jour ressemble à un saut de puce.
Je suis dans le vallon de Chamineye (2380m)
Dénivelé du jour : 1244m
Jeudi 20 ce matin la tente est givrée, j’attend que le soleil la dégèle. Je m’engage sur le col de la baisse du Basto (2693m). C’est un pierrier aussi difficile que celui d’hier. Même galère. Au sommet je suis rejoint par une jeune randonneuse solitaire, Marianne. Elle aussi, a trouvé le passage difficile. Elle randonne en faisant étape en gîte. Elle a un sac de 10 kg, ça na pas l’air de la gêner. Elle a passé la nuit au refuge de Nice. Il n’est pas ouvert, mais pas fermé non plus. Il n’est pas gardé la porte est ouverte les randonneurs peuvent y dormir.
Nous faisons un petit bout de chemin ensemble dans la descente. Arrivé à un lac je la laisse continuer seule, je veux faire sécher ma tente. Elle continue à grandes enjambées, c’est une bonne marcheuse.
Je descend vers le lac du Basto (2300m) puis remonte sur la baisse de Valmasque (2549m). Col moins difficile que les deux précédents.
Descente vers le refuge des merveilles (2160m) en traversant la fameuse vallée des merveilles.
Je prends quelques photos des gravures les plus célèbres. S’il n’y avait pas eu un panneau pour indiquer la tête de Christ, je serais passé devant sans la voir. Elle fait la taille d’un pamplemousse.
Je croise quelques groupes accompagnés d’un guide qui commente les gravures.
Je m’arrête au refuge des merveilles pour y prendre un thé. J’y retrouve Marianne, c’est son dernier jour.
Je m’aperçois que j’ai dû laisser mes cartes au lac ou j’ai fais sécher ma tente. Très embêtant à deux titres, j’avais noté plein de choses sur la rando, et sans carte je me sens comme un aveugle sans canne pour continuer.
Marianne me propose la sienne, puisqu’elle a terminé. Vraiment sympa. De plus, en consultant son topo guide elle me dit de prendre une bonne réserve d’eau pour continuer, je risque de ne pas trouver d’eau jusqu'à Sospel.
Il est 16h, Je lève le camp et continue pour passer le pas du Diable (2340m). Avec un nom comme ça on s’attend au pire. De plus en arrivant, un gros nuage le recouvre. Je pense au col de Crouzette.
En fait, bonne surprise, c’est très facile. Le GR fait semblant de passer dans les pierriers, mais au dernier moment, il tourne et frôle la difficulté et passe à côté, ou dessus ou dessous. C’est le col du bon petit diable.
Je bivouaque à la baisse de st Véran (1836m) près d’un blockhaus de la dernière guerre.
J’ai une vue des deux cotés de la vallée est ouest. Demain j’aurai le soleil levant.
Dénivelé du jour : 743m
Vendredi 21
grand beau, le soleil rempli la vallée tout doucement. Somptueux.
Descente vers Sospel. Très facile.
Trop facile. Mon attention s’est endormie et je me retrouve dans une forêt dans une descente d’enfer en direction du nord (je suis censé aller au sud).
J’ai trop descendu pour remonter, je trouve un chemin forestier qui repart dans le sud.
Au bout d’un moment je rencontre une jeune femme accompagnée d’un énorme chien, un boxer. Je lui demande ou je suis : au pied du col Turini. Je me suis vraiment perdu.
Je rejoins une route qui m’emmène à Moulinet après 8 km.
Marianne avait raison je n’ai pas trouvé d’eau avant Moulinet.
Il est midi, je fais une pause. Il y a un tabac épicerie que je dévalise de son raisin. Je le déguste sur la place près de la fontaine (déjà vu).
Il reste 12 km pour rejoindre Sospel (330m). Il fait une chaleur accablante. Je marche depuis 3 km, une voiture s’arrête, c’est la dame au chien. Elle me propose de me déposer à Sospel. J’hésite, je crains d’abîmer sa voiture avec ma brouette, mais je remarque que la banquette arrière est rabattue pour loger le gros chien. J’accepte son offre avec grand plaisir. Le chien consent à faire une petite place à la brouette. Cette entorse à ma décision de tout faire à pied permet de gommer mon erreur de ce matin. Encore grand merci à cette charmante dame et à son chien.
Je démarre de Sospel en direction de Menton
Je passe d’abords le col du Razet (1032m) que j’avais un peu pris comme négligeable. Erreur, il fait très chaud, le col est très long, assez fatiguant. Pas d’eau, sauf une petite fontaine anémique, sur le plateau avant le col.
Je continue par le vieux Castellar (850m), puis remonte au col du berceau (1132m). là je suis à fond de ressources, je m’arrête toutes les 5 minutes, puis je m’arrête d’arrêter car j’ai de plus en plus de mal à redémarrer.
Je fini au forcing.
Ça valait le coup, je domine Menton et une partie de la côte jusqu'à Monaco. Splendide.
Dénivelé du jour : 982m
samedi 22 j’attaque la descente sur Menton. Le chemin n’est pas terrible.
Raide avec des cailloux plutôt instables. Un vrai chemin Provençal. Je plaisante.
arrivé sur les hauteurs de Menton plus de marques. Trouver la route qui mêne en ville n’est pas évident. Avec un peu de chance et d’instinct, j’y arrive.
Et finalement je débarque sur la plage.
Sur la photo on peut voir le col ou j’ai bivouaqué la nuit précédente : le petit creux dans le mont au dessus de ma tête.
J’ai pris un bon bain, la température était idéale.
Rien que pour ce bain ça valait le coup de venir de Briançon.
Conclusion
Briançon-Menton en 11 jours.
Dénivelé total ascendant : 13580m, descendant : 14726m.
Sans la brouette, cette rando avec bivouacs ne m’aurait pas été possible.
J'ai marché 11 jpours avec 22kg de matérel en moyenne, et,hormis quelques courbatures dans les jambes, je ne ressens aucune gêne physique. Grace à la brouette j'ai pu profiter pleinement du paysage et ne garde que de bons souvenirs de cette randonnée extraordinaire.
Toutefois, quelques passages difficiles sur le GR 52 seraient à déconseiller au randonneur peu expérimenté ou seul.
Remarque: le matériel soumis à la rude épreuve des pierriers a prouvé sa résistance.