ESSAI SUR LE GR20
CORSE Le GR 20
Dans les passages difficiles il est nécessaire de porter la brouette ça m’est arrivé quelques fois en Nouvelle Zélande. Je n’avais pas à ce moment de système de portage bien adapté.
Après quelques essais j’ai trouvé la solution, avec deux sangles d’épaule et en portant la brouette à l’envers, on peut même tenir les poignées pour stabiliser la charge.
Pour valider la solution, j’ai décidé de partir en corse sur la GR20 pour rencontrer de véritables problèmes de portage.
Lundi soir 19 septembre 2011
J’embarque sur le Danielle Casanova pour une traversée de nuit.
Mardi
arrivée à Bastia à 8h,
petit déjeuner en ville, je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde à l'air joyeux!
et embarquement à 10h dans la micheline vers Calvi.
Arrivée vers 1h, j’ai demandé à descendre à Dolce Vita qui est à 8 km de Calenzana, départ du GR20.
Un petit arrêt restau et j’arrive à Calenzana vers 3 h, je fais provision d’eau et démarre le chemin vers 15h30. C’est un peu tard pour attaquer, je bivouaquerai en route.
Le chemin est très pierreux, mais la brouette passe bien.
Vers 19h je trouve un bivouac satisfaisant avec la vue sur Calvi
Mercredi :
Démarrage vers 8h, je continue l’ascension jusqu'à un premier col à 1350m, en compagnie de quelques vaches.
Ensuite le GR longe la montagne, puis je rencontre la première difficulté. Des blocs de pierre qu’il faut escalader, presque à la verticale. Je m’équipe pour le passage avec la brouette sur le dos.
C’est ma première rencontre avec la difficulté, je suis un peu inquiet, car j’ai 23kgs. Finalement ça se passe plutôt bien, la brouette est assez stable, je ne suis pas gêné par les poignées, j’ai les mains libres et l’escalade se fait normalement, sauf que ça dure une heure.
Après ça le chemin redevient roulant jusqu’au refuge Ortu di u piobbu, ou j’arrive vers 15h. Je suis un peu vanné et je préfère bivouaquer, il y a des emplacements assez loin du refuge et bien isolé. Ça me convient, je plante et vais prendre une douche (froide) après ½ heure de queue.
J’ai toujours la vue sur la baie de Calvi. Je prépare mon diner assis bien confortablement dans ma tente tout en observant le coucher de soleil.
je mijote mon diner en regardant la télé. euh pardon! le coucher de soleil
Je réfléchis au portage, il avait un peu tendance à tanguer, et je comprends pourquoi : en position normale la partie la plus lourde du sac est vers la roue. En position portage, elle se retrouve en haut. Il faut donc inverser la position du sac sur la brouette.
Jeudi
Démarrage à 9h, tout le monde est parti, ou presque. Au début le chemin est « roulable » pendant une petite heure.
Ensuite portage et escalade sur 600m de dénivelé dans des rochers, plus dur qu’hier. A chaque arrêt je trouve un rocher qui me sert pour le déchargement, puis le rechargement de la brouette, le petit sac à dos me sert de protection, j’y ai mis le duvet et l’eau.
J’arrive à un premier col à 1900m et je suis assez épuisé. Je pense aux sherpas que j’ai vu au Népal dont certains portaient des charges de 100 kgs, inhumain !
Il y a un espace de bivouac, il est 13h30, je casse la croûte, je sors le matelas et m’endors. Je me réveille 2h après, je devais être fatigué. Je ne pense pas prudent de continuer jusqu’au prochain refuge si le chemin continue comme ça. Je vais donc passer la nuit ici, la vue est superbe. Je n’ai pas d’eau, mais je suis passé devant une source 250 mètres plus bas (en dénivelé). Le prends les gourdes dans le petit sac à dos et redescend. J’ai l’impression de voler.
Je fais l’aller et retour très rapidement car mon baromètre fait du yoyo, des nuages noirs arrivent de la mer.
De retour au bivouac, je constate que les nuages se sont arrêtés dans la vallée.
Comme il n’est pas tard je décide de pousser une reconnaissance sur le chemin à faire demain.
Ça commence par une belle grimpette acrobatique pour arriver à 2000m, puis le chemin devient roulable par moments et descend dans la vallée, il à l’air praticable pour la brouette.
Me voilà rassuré pour demain et je reviens tranquillement vers le bivouac en observant le coucher de soleil.
Bon ce doit être un feuilleton, c'est la suite d'hier. Je n'ai qu'une chaîne (de montagne).
Nuit dans un silence total. Réveillé à 4h du matin par deux randonneurs qui font le GR à la frontale. Ils ne risquent pas les coups de soleil !
Vendredi :
Démarrage à 9h brouette sur le dos, je suis reposé, ça passe bien. Je roule là ou c’est possible et arrive dans le bas du chemin que j’ai vu hier soir. Au lieu de continuer dans la vallée, comme je l’avais cru, il remonte raide dans la montagne. A nouveau portage et escalade jusqu’à 2000m.
En haut il y a un guide avec un groupe de randonneur, je le sens dubitatif, il a bien raison.
La descente est moins difficile que la montée je peux même descendre à la brouette sur un dénivelé de 600m. Un peu acrobatique quand même car très raide et caillouteux.
J’aperçois le refuge Carruzo 200m en bas et en même temps une aire de bivouac très confortable.
J’opte pour ce dernier car j’ai entendu dire que l’aire de bivouac du Carruzo n’était pas formidable et que, de plus, le refuge était infesté de punaises. Pendant que je m’installe j’entends le bruit d’une cascade en contrebas. Je prends mes affaires de toilette et bagarre dans le maquis pour descendre au torrent (pas de chemin). Je trouve une petite cascade qui tombe dans une cuvette grande comme une baignoire le tout en plein soleil. Le grand luxe, mieux que la douche et pas la queue. Toutefois je ne me prélasse pas trop longtemps dans la baignoire, elle est à 12°, mais ça donne du tonus !
Je descends chercher de l’eau au refuge. J’ai bien fait de m’arrêter avant, il n’y à pas de place bivouac sympa.
Je regarde sur ma chaîne (non cablée) la suite d'hier. Très beau coucher de soleil, vu de ma tente, royal !
Samedi
J’ai décidé de laisser l’essentiel du matériel au refuge et d’aller au prochain (Asco) équipé léger.
Petit sac à dos, le duvet une polaire le coupe vent gore tex du raisin sec des bananes séches des biscuits aux céréales, un petit nécessaire de toilette et en avant. Je vole.
Il y a des passages équipé de chaines pour les jours de pluie, les dalles sont glissantes.
Le GR n’est pas plus dur qu’hier, j’arrive à Asco en 3h30, je n’ai pas forcé.
Je me demande si je peux aller au prochain refuge en passant parle cirque de la solitude, j’ai le temps.
J’attaque la montée vers le col mais presque arrivé au cirque de la solitude le ciel se couvre de nuages menaçants. Je préfère faire demi-tour, je dormirai au gite d’Asco.
Il y a très peu de randonneur, je suis seul dans une chambre de 4. Luxe suprême, il y a des douches chaudes. La gardienne du gîte Martine est vraiment très sympa.
Je prends mon diner au restau du coin. Asco est une ancienne station de ski dont les installations ont été détruites (il y a quelques décénies) par une tornade inexpliquée. Elle n’a pas été remise en état, par contre l’hotel et le restau continuent de fonctionner. je me retrouve à table avec un couple très sympa que j'ai rencontrè dans la journée. Lui c'est un passionné des courses inhumaines, il me dit que le record qu GR20 est tenu par un jeune espagnol de 21 ans qui à fait le GR en 33heures, incroyable. le randonneur ordinaire le fait en 2 semaines....
Dimanche
Je prends le petit déj au restau d’hier soir, le ciel est gris il pleuviote. Retour au gîte où Martine est en train de dissuader deux petits jeunes de ne pas partir vers le cirque de la solitude sous la pluie. Les pauvres ont un équipement assez misérable. Elle leur raconte l’histoire des 6 randonneurs morts de froid la même nuit juste au dessus du refuge. Ils restent, j’allume la cheminée, on papote.
Vers 11h le temps se découvre, je part, je sais que je n’en ai pas pour longtemps pour retourner au refuge Carruzo. En fait j’y suis 3h30 après.
Je décide de retourner vers Calvi, j’ai réalisé mon test. Le GR20 sera pour une autre fois avec du matériel léger.
Je récupère la brouette est descend en roulant la brouette vers Bonifatu. Avant d’y arriver je repère un bivouac assez étrange dans une clairière d’arbres moussus. On se croirait en Nouvelle Zélande.
Il y a un torrent pour la toilette.
Lundi
La nuit a été bizarrement silencieuse, d’habitude en forêt on entend des insectes, des rongeurs, ou des bestioles plus grosses, le matin les oiseaux. Ici rien. Comme si c’était mort.
J’arrive à Bonifatu c’est un lieu dit, il y a une auberge et pas mal de gens qui viennent faire une ballade de la journée.
J’examine les randos et choisi de faire celle de 4 h en équipement léger. Rien d’extraordinaire par rapport au GR. J’ai dû marcher un peu vite car je suis de retour après 1h45.
Départ direction Calvi, a partir de là c’est du bitume, ça roule comme sur un billard sans effort.
En fait je décide de repasser par calenza par une petite route qui passe sur un torrent. Peu de voiture, c’est agréable. Le torrent m’attend pour le bain, l’eau n’est pas froide.
J’arrive à Bonifatu, fais le plein de fruits, ça m’a manqué.
Puis je descend vers la station de train dolce vita . comme à l’aller beaucoup de circulation sur cette route de 8 km, presque droite. Plutôt désagréable.
J’arrive à la station, je pensais pouvoir dormir sur la plage en attendant le train de demain matin. Impossible, terrain militaire défense d’entrer. Tant pis je vais à Calvi 6 km.
J’arrive sur la plage assez tard, il fait nuit. Je m’installe à la belle étoile et me prépare une soupe chinoise. J’ai devant moi toute la baie de Calvi illuminée.
Je pense avoir marché aujourd’hui 8 ou 9 heures dont 7 heures de « brouette avec 22kgs, je suis fatigué bien sur, mais pas épuisé. Je vais bien dormir.
Je suis réveillé à 2h par la sonnerie de mon téléphone que j’avais mal réglé puis à 4 h par l’engin de nettoyage de plage, je me déplace sous peine de finir à la poubelle.
Je me rendors un peu, et suis réveillé peu de temps après par un gros bruit de chaine. C’est un paquebot qui jette l’ancre devant la plage. Pas si tranquille que ça la nuit à la belle étoile.
Mardi
Je ne suis pas loin de la gare, je demande à un papy où elle se trouve : « y qu’a suivre les rails » qu’il me dit. Ce que je fais, et je trouve. Génial.
Ce petit train longe la côte jusqu'à ile rousse, c’est un régal.
Puis il coupe la Balagne pour aller à Bastia. Il y a un col à passer vers 500m et c’est dur, on roule à 30 à l’heure, ça laisse le temps pour admirer le paysage.
Arrivée à Bastia vers midi, je réserve mon billet pour le départ du soir pour Marseille, encore le Danielle Casanova. Puis je vais passer l’après midi sur une plage de galet pas loin du port.
Embarquement à 8h très peu de monde. Nous somme un dizaine dans le salon fauteuil qui peut tenir peut-être 300 passagers. Je dors sur mon matelas comme un bébé.
MERCREDI
Marseille, je dédaigne le métro et vais à la gare st charles en passant par la porte d'Aix.
ensuite le bus pour AIX et un autre pour le Puy Ste réparade
Conclusion
Mon intention était de tester la brouette en condition de portage, c’est fait, la réponse est positive.
Quand à faire le GR20 avec la brouette, je le déconseille fortement. Le bénéfice apporté par les quelques portions « roulables » disparait avec les longues et pénibles heures de portage. de plus le bivouac est interdit en dehors des aires de refuge, ce qui limite pour moi l'intèrêt de la rando telle que je la pratique. Je ne sais pas ce que vous en pensez?
Ceci dit le GR20 est un chemin extraordinaire, je le referai peut-être, avec un matériel léger en dormant dans les refuges (s'il n'y a plus de punaises).